Saol Ò Aithinne
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Lhunara NaggarithDrowLhunara Naggarith
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Messages : 6
Date d'inscription : 25/08/2010
Age : 113

Feuille de personnage
Armes:
Statistiques:
Âge du personnage: 136 ans
MessageLhunara NaggarithLhunara Naggarith Icon_minitimeJeu 9 Sep - 2:39

NAGGARITH
Lhunara
















~Votre Personnage~

¤Nom de famille : Naggarith
¤Prénom : Lhunara
¤Age : 136 ans
¤Sexe : Féminin
¤Alignement: Chaotique Mauvais
¤Espèce : Ilyhiiris
¤Nation : Avolakiaa
¤Métier : Souveraine
¤Talents/aptitudes/défauts : Lhunara est une jeune elfe à l’intelligence brillante. C’est une excellente stratège et une intrigante hors pair. Mais son esprit est loin d’être la seule de ses armes. L’agilité de Lhunara est impressionnante, même pour une elfe, ce qui lui donne de redoutables aptitudes autant au combat qu’à la danse dont elle est particulièrement friande. Ses années d’entrainement intensif ont fait d’elle une habile bretteuse et lui permettent d’utiliser au combat des aiguilles avec une efficacité terrifiante. Toutefois, si l’agilité de Lhunara est remarquable, sa force physique, elle, laisse vraiment à désirer.
Sa nature d’Ilyhiiris, la rend orgueilleuse et parfois paranoïaque. Quand à sa capacité d’invocation, si elle lui suffit à maîtriser la créature tutélaire de sa race, elle n’atteint pas le niveau de la plupart des autres rois et reines des elfes (le lui faire remarquer avec trop d’insistance peut d’ailleurs se révéler dangereux car il arrive à la jeune elfe de se montrer susceptible à ce sujet).
¤Arme de prédilection : Epée à lame barbelée, aiguilles (souvent empoisonnées)
~Statistiques~

¤Force : 15
¤Dextérité : 55
¤Constitution : 20
¤Intelligence : 50
¤Charisme : 45
¤Capacité d'invocation : 35
~Apparence et Mental~

-Iris : Ambrés
-Peau : Ebène
-chevelure : blanche argentée
-Taille : 1m68
...
¤Physique : Lhunara allie la fraîcheur de la jeunesse elfique à des formes joliment dessinées. Ses traits sont fins, presque acérés, à la fois séduisants et menaçants. Son regard d'ambre peut paraître déroutant, tantôt naïf et jovial, tantôt machiavélique et glacial, tantôt superficiel, tantôt profond et aiguisé. Lhunara prend extrêmement soin de son apparence, tout en laissant parfois sa chevelure d'argent être modelée par les caprices du vent. Son port est noble et altier, mais ses attitudes, elles, souvent lascives. Sa voix cristalline peut passer en un instant du mélodieux au cassant. Tout en elle est contradiction, jusqu'à sa façon de se vêtir, parfois provocante, parfois très habillée. Toutes ces étranges contradictions la rendent fascinante voire même envoutante lorsqu'elle s'adonne aux danses caractéristiques de son peuple. Lhunara est consciente de l'attrait de son physique qu'elle n'hésite pas à utiliser à son avantage, faisant de son corps une autre de ses armes. A la fois douce et mordante, elle est telle une rose noire dont les épines effilées guetteraient l'imprudent qui se laisserait subjuguer par la beauté de ses pétales.


¤Signe particulier : Aucun signe particulier ne ressort chez Lhunara pour la bonne et simple raison qu’elle se montre si excentrique qu’aucun trait chez elle ne saurait être relevé plutôt qu’un autre


¤Caractère : Lhunara est une énigme pour nombre de personne, y comprit les siens. Sa personnalité semble constamment changeante, lunatique même. En réalité il ne s'agit que d'un masque qu'elle aime arborer en société. Elle dissimule souvent sous des airs ingénus et naïfs son intelligence froide et calculatrice. Nombreux furent ses compatriotes qui prirent ses jeux pour des signes de faiblesse, beaucoup plus rares sont ceux qui y ont survécu. Sous estimer Lhunara est généralement le premier pas vers une défaite amère et douloureuse, car s'il y a un trait chez elle qui défie son intelligence et sa ruse, c'est bien sa cruauté. Lhunara adore plus que tout jouer avec ses proies telle un jeune enfant qui arrache patiemment, une à une, les ailes d'un insecte pour ensuite le déposer sur une toile d'araignée et l'y regarder s'y débattre. Pour arriver à ses fins elle use de provocation, de séduction ou même d'empathie feinte. Quelle que soit la méthode, elle y emploi avec énergie ses redoutables dons d'actrice. Pour autant elle ne laisse que très rarement ces distractions lui faire perdre de vue ses intérêts ou ses objectifs, car, comme tout ilyhiiris ayant survécu à ses premières années de vie, elle reste constamment sur ses gardes. Seul son orgueil la met parfois en défaut, bien qu'elle fasse de gros efforts pour y remédier, sachant pertinemment les dangers qu'un excès de confiance en soi peut susciter en Avolakiaa. Malgré ses attitudes excentriques, Lhunara sait se montrer forte et autoritaire lorsque le besoin s'en fait sentir, même si elle préfère de loin proférer ses menaces de manière subtile. Tout ceux, alliés comme ennemis qui ont apprit à la connaître, ont également apprit à la craindre…


~Structure~

¤Histoire : Lorsque Lhunara naquit, rien ne la prédestinait à devenir reine des Ilyhiiris. Bien sûr, elle faisait partie de la famille principale, mais sa mère avait déjà mis au monde trois filles, et pire encore, elle était née faible, au point que les guérisseurs qui l'avaient mise au monde ne lui avait pas donné plus de quelques semaines à vivre. Pourtant elle s'accrocha à la vie, donnant tort à tous ceux qui l'avaient hâtivement condamnée. Cette volonté de survivre ne la quitta jamais plus. Même à la crèche, alors que sa force physique inférieure à celle de ses camarades la mettait en difficulté, elle parvint à survivre (ce qui lui valu l'inimité de certains des surveillants qui avaient parié de fortes sommes sur son probable trépas). A l'âge de six ans, elle fut envoyée à l'académie, comme petite drow ordinaire. Très vite, elle développa une aisance particulière à l'apprentissage, assimilant avec avidité toute information que l'on pouvait lui soumettre. Si sa piètre force lui faisait défaut, son vif intellect compensait sans mal ce handicap. Elle démontra vite d'étonnantes capacités de manipulation, usant de ses talents d'actrice naissant pour dresser ses camarades les uns entre les autres en évitant de personnellement s'impliquer dans leurs querelles. Sa ruse lui permit également d'échapper à certaines corrections que se plaisaient à distribuer les instructeurs. Ce fut au cours de ces années que sa constitution s'affirma peu à peu. Sa force physique restant inférieure à la moyenne, la jeune elfe décida de travailler son agilité afin de pallier à cette faiblesse qui risquait de plus en plus de lui être fatale. Ainsi, entre autres exercices, se mit-elle à la danse pour laquelle elle se découvrit une passion inattendue. Elle s'entraînait avec acharnement, aussi bien sous la férule des prêtresses qu'en dehors de leurs enseignements. Elle fut bientôt capable d'effectuer des acrobaties délicates, même pour une elfe. Ses nouvelles aptitudes se firent bientôt ressentir jusque dans sa démarche, ce qui lui donna plus de prestance encore. Son habileté lui évita la mort à plusieurs reprises lors des années qui suivirent, certaines de ses camarades, qui la jugeaient trop dangereuse pour leur propre sécurité, ayant tenté de la supprimer. Ce fut à cette époque qu'elle se prit d'une affection toute particulière pour les aiguilles. Ces armes, faciles à dissimuler et qu'elle pouvait enduire à son gré de toutes sortes de poisons, étaient idéales à utiliser dans l'enceinte de l'académie (plusieurs élèves en firent d'ailleurs les frais). A un peu plus de trente ans, la jeune Ilyhiiris avait conquit son droit à la survie, mais survivre ne l'intéressait plus, elle voulait vivre, vivre pour et par elle même. Or elle ne voyait qu'une façon d'y parvenir: prendre la place de sa mère, Nagaira, et devenir reine de son peuple. Fort heureusement, seules deux rivales se dressaient encore sur son chemin. Sa sœur Kaela, deuxième héritière potentielle du trône, n'avait pas survécu à une manifestation particulièrement intense de son invocation. Elle s'était montrée faible face à sa propre bête intérieure, Lhunara ne commettrait pas la même erreur…

Elle avait quarante deux ans quand survint sa crise d'éveil…

__________________

Lhunara se tenait droite, sur l'estrade. Du haut de la petite plateforme, elle récitait un cantique à la gloire de Lloth sous le regard sévère de la prêtresse. Ses camarades la contemplaient avec une cruelle avidité. Ils n'attendaient qu'une chose: qu'elle fasse une erreur. Tous espéraient tant la voir échouer, tous voulaient tant pouvoir se moquer d'elle lorsque la lanière du fouet de leur préceptrice flagellerait sa peau délicate. Ils voulaient son sang et ses larmes. Se délecter de sa douleur aurait été si savoureux. Elle qui ne ratait jamais rien, elle qui se montrait meilleure qu'eux dans la plupart des enseignements, elle qui leur rappelait constamment qu'ils lui étaient inférieurs… Ils la haïssaient tous, sans exception. Elle savait ce qu'ils attendaient et elle n'avait aucune intention de leur accorder ce plaisir. Elle continuait à réciter son texte de mémoire de sa voix cristalline, sans fausse note, en regardant avec défiance les rangs alignés de ses camarades. Soudain, elle sentit un profond malaise monter en elle. Sa voix se brisa alors qu'une intense douleur s'emparait d'elle, la faisant chanceler. Elle tomba à genoux en hurlant alors que ses yeux s'illuminaient et qu'une forme éthérée commençait à s'échapper de son corps. L'assemblée recula d'effroi. La douleur devenait de plus en plus foudroyante alors que la brume prenait l'aspect d'un serpent des marais et gagnait en consistance.

"Non!"

S'écria Lhunara. Elle savait ce qui lui arrivait et elle savait ce qu'elle risquait. Elle leva un regard bouillant de haine vers l'apparition qui la surmontait.

"Tu ne me domineras pas, maudit reptile! De nous deux c'est moi le maître et si tu persiste à vouloir m'affronter c'est moi qui te consumerai!"

Gronda t elle, sa voix augmentant de volume tandis qu'elle parlait jusqu'à se terminer en cri de rage. La créature vaporeuse vacilla avant de peu à peu réintégrer le corps de la jeune Ilyhiiris. Les yeux de Lhunara perdirent leur éclat surnaturel et la douleur s'évapora lentement. Un mince sourire étira les lèvres de la jeune elfe, mais elle sentit bientôt ses forces l'abandonner. Sa vue se troubla et elle se sentit choir de l'estrade. Elle entendit plus qu'elle ne sentit le choc au contact du sol, puis ce fut le noir…

Lorsqu'elle se réveilla, elle était dans un lit. Elle se sentait à la fois trempée de sueur et transie de froid. Elle voyait des silhouettes s'activer autour d'elle mais elle n'aurait su dire si elles étaient réelles ou issues d'un délire de fièvre.


"Vous avez commencé votre éveil. Ce ne sera pas facile. Vous devez vous reposer."

Fit une voix dont elle ne parvint à identifier ni la provenance, ni l'appartenance. Lhunara ignorait où elle se trouvait mais estima qu'elle était en sécurité. Si qui que ce soit avait voulu abuser de sa faiblesse, elle ne se serait jamais réveillée. On lui avait aussi assuré que les jeunes en phase d'éveil étaient protégés jusqu'à ce qu'ils aillent mieux car ils étaient une source de puissance pour tout le peuple Ilyhiiris. Où avait elle entendu cela déjà? Etait ce à l'académie? Tout était si flou… Et cette fatigue qui revenait… Il lui fallait juste un petit somme, pour récupérer, juste un petit somme…
__________________

Lhunara apprit à résister aux assauts de sa bête intérieure au bout de quelques mois. Elle termina sans plus de heurt son séjour à l'académie. Elle était à présent en âge de chercher un mentor. Elle le trouva en la personne d'Hauclir Talderath, maître d'arme de sa maison. La famille Talderath était un clan noble issu de la famille secondaire cinq générations auparavant. Militaire de nature, la maison s'était tournée vers la capture et l'élevage de nauglirs afin de constituer l'une des forces de cavalerie les plus redoutées du royaume. Lhunara avait terminé son éducation religieuse en sortant de l'académie et voulait parfaire sa formation militaire, indispensable au poste de reine. Hauclir était un drow dans la force de l'âge. Guerrier hors pair et stratège émérite, il accepta de prendre Lhunara sous son aile non pas à cause de son origine mais parce qu'elle était particulièrement réceptive à son humour caustique. Sous sa férule, Lhunara apprit le maniement de l'épée et l'art de la guerre. Si Hauclir et Lhunara s'appréciaient, ce dernier n'en restait pas moins intraitable et sans pitié avec son élève. Alors qu'elle atteignait ses 62 ans, Hauclir obligea Lhunara à passer un rite de passage caractéristique de sa maison.
__________________

"Ne voulez vous donc pas me dire à quoi rime tout ceci?"

Pesta Lhunara, suivant son mentor au pas de course pour éviter de le perdre. Le maître d'arme ne répondit à sa question que par un profond silence.

"Si votre seul objectif est de me faire tourner en rond dans votre propriété sans m'adresser la parole, je peux aller me recoucher, vous savez…"

Bougonna t elle, irritée d'avoir été superbement ignorée. Le mentor et son élève arrivèrent bientôt dans la cour. Des soldats et des chevaliers y étaient déjà réunis, alignés près des portes et le long des murs d'enceinte de la tour. Hauclir entraîna Lhunara au centre de la cour. La jeune elfe avait l'impression de rentrer au milieu d'une arène. La suite lui donna raison.

Quand elle fut au centre, Hauclir se recula et fit un signe à deux soldats qui se trouvaient près d'un enclos fermé. Les deux drows hochèrent la tête et ouvrirent les portes avant de se retirer avec une célérité qui paru d'extrêmement mauvais augure à Lhunara. Un pas lourd résonna dans l'enclos et un nauglir émergea de l'ombre en grondant. La bête s'ébroua puis hocha la tête à droite et à gauche, humant l'air. Lhunara jeta un regard inquiet et plein d'incompréhension vers son mentor. Ce dernier affichait un sourire féroce.


"Voici une épreuve que tous les membres de cette maison ont eu à passer. Tu devras toi aussi la réussir si tu veux poursuivre ton enseignement. Tu as devant toi un jeune nauglir. Il est vif, agressif et surtout, il a faim. Tu as deux options: tu le soumets ou il te dévore, à toi de voir…"

Déclara le maître d'arme. Il fit en suite signe à un de ses hommes qui lança un filet métallique et une lance aux pieds de Lhunara.

"Tu as le droit de te servir de ça. Enfin, quoi que tu décide, tu ferais mieux de te dépêcher parce que lui il ne va pas t'attendre…"

Ajouta t il en désignant le nauglir d'un signe de tête. Lhunara regarda dans la direction de l'animal et comprit à sa façon d'avancer menaçante qu'il avait bien jeté son dévolu sur elle. Elle voulu se baisser pour ramasser les armes, mais son instinct lui cria que la bête attaquerait si elle la quittait des yeux ne serait ce que l'espace d'une seconde. Bien sûr elle pouvait tenter de se baisser sans quitter le reptile des yeux, mais s'accroupir présentait déjà un risque, de plus elle n'était même pas sûre de savoir manier efficacement le filet et la lance de dressage. Elle décida finalement de faire face au nauglir sans arme, quand bien même elle réalisait que cela semblait complètement insensé. Sa raison lui hurlait de tourner les talons, de s'enfuir, mais son instinct la maintenait sur place.
Elle contempla son terrible adversaire. Le nauglir avançait. Les muscles de ses puissantes pattes arrière roulaient sous son cuir épais, sa queue dont un coup aurait suffit à projeter un elfe à plusieurs mètres comme une poupée de chiffon, ondulait de droite à gauche accompagnant le mouvement du prédateur, sa gueule entrouverte laissait apparaître une rangée de crocs effilés comme des lames d'assassins et ses naseaux exsudaient de longs jets de vapeur dans l'air glacial au son d'une lourde respiration. Les yeux du reptile, tels deux braises rougeoyantes restaient fixés sur Lhunara, la considérant avec voracité.
Le jeune Ilyhiiris comprit que l'animal cherchait à la subjuguer, son approche était comparable à une danse destinée à la fasciner, à la garder immobile jusqu'au moment de l'attaque. Elle fit un pas en avant. Le reptile s'immobilisa et tourna légèrement la tête sur le côté, observant intrigué le comportement de sa proie. Lhunara continua d'avancer, sa démarche imitant l'ondulation caractéristique du mouvement du prédateur reptilien. Un murmure parcouru les rangs des soldats. Certains l'imaginaient déjà dévorée. Les chevaliers, eux, semblaient avoir saisi l'intention de la jeune drow et observaient un silence respectueux. Hauclir regardait la scène sourire aux lèvres.
Le nauglir regardait l'elfe approcher, tournant la tête alternativement à droite et à gauche afin de saisir au mieux son mouvement de ses deux yeux. Quand elle fut à moins d'une dizaine de mètres, le reptile se recroquevilla, se campant sur ses pattes arrière: une position de saut. Saisissant la menace, Lhunara ralentit, mais n'en arrêta pas moins d'avancer, apaisant son souffle au maximum, ses yeux calés dans ceux du reptile. Il ne la considérait plus comme une proie, mais comme une menace potentielle, ce qui n'était au demeurant pas moins dangereux. Il fallait maintenant que le cerveau du reptile la conçoive comme une présence supérieure, mais pas menaçante. Lhunara avnçait toujours, à pas mesurés, maîtrisant sa respiration et, tant que possible son rythme cardiaque. S'il percevait sa peur, ce serait fini sans même qu'elle puisse réagir. Elle ne fut bientôt plus qu'à un mètre de l'animal. Elle tendit lentement la main vers lui. Le nauglir émit un grondement sourd et menaçant. Lhunara interrompit son mouvement, le temps qu'il se calme puis avança de nouveau le bras. Sa main se posa sur le museau du reptile, caressant ses épaisses écailles. Le nauglir dévoila peu à peu sa redoutable mâchoire. Il allait attaquer, il allait planter ses crocs dans son bras et la secouer jusqu'à la désarticuler complètement. Si elle n'agissait pas dans l'instant, elle allait mourir. Sa peur se mua en désespoir, son désespoir se mua en colère. Elle n'avait pas survécu toutes ces années pour servir de repas à un nauglir. Sous le coup de la rage, sans se rendre compte de son geste, elle gifla le museau de l'animal.


"Couché, stupide lézard! Je ne suis pas d'humeur à supporter tes grognements une seconde de plus, alors finissons en! Viens donc me dévorer si tu l'ose!"

S'époumona t elle devant la gueule du prédateur. Le temps sembla se suspendre durant une éternité. Lhunara et le nauglir semblaient tout aussi surpris l'un que l'autre par ce soudain emportement.

*Je suis morte…*

Fut la seule chose que parvint à songer Lhunara. Soudain le reptile s'aplatit au sol devant elle. Un silence de mort régnait dans la cour. La jeune elfe n'arrivait pas à croire ce qu'elle voyait. Contre toute attente le nauglir de plus d'une tonne s'était soumis devant son coup de sang. Deux chevaliers, montés sur leurs propres nauglirs, encadrèrent la bête et le forcèrent à regagner son enclos.
Sitôt le reptile disparu, Lhunara tomba à genoux, ses jambes ne parvenant plus à la soutenir une fois la pression retombée. Lorsque Hauclir s'approcha d'elle, Lhunara posa sur lui un regard absent.


"Je n'avais jamais vu un culot pareil… C'était une approche intelligente, quoi que complètement suicidaire."

Fit il l'air amusé.

"Quoi qu'il en soit, tu as réussi l'épreuve. Tu es désormais membre honoraire de la maison Talderath. Ce nauglir que tu as soumis s'appelle Druhir. Il t'appartient désormais et pourra te servir de monture, si tu le désire. Soigne le bien, montre lui du respect et il sera ton allié le plus précieux au combat. Méprise le, oublie de le nourrir ou tourne lui le dos et tu n'auras pas le temps de le regretter…"

Expliqua le maître d'arme.

"La prochaine fois que vous me tirez du lit avant l'aube pour m'emmener quelque part sans la moindre explication, rappelez-moi de vous briser les membres un à un."

Soupira Lhunara, le stress commençant à l'abandonner.

"Je n'y manquerai pas."

Rétorqua, d'un ton léger, son mentor.
__________________

Durant les vingt-cinq ans qui suivirent, Lhunara poursuivit sa formation avec Hauclir. Elle devint une cavalière nauglir émérite et usa de tout son temps libre pour étudier les mœurs de la cour et l'histoire géopolitique moderne. Elle s'intéressa également aux civilisations et aux coutumes des cousins honnis de son peuple. Elle voulait en savoir le plus possible à propos des différentes races elfiques, car une reine devait savoir avec qui elle traitait et car connaître ses ennemis était capital pour tout drow qui se respectait. Entre temps son art de la guerre, sa maîtrise de l'épée et des aiguilles et ses capacités acrobatiques ne faisaient que se renforcer. Bientôt son statut de candidate à la succession de la couronne ne fut plus remise en cause par qui que ce soit. Pour autant il lui fallait toujours faire ses preuves, et même si elle y parvenait, le droit d'aînesse restait un problème majeur auquel elle devait trouver rapidement une solution. Lorsqu'elle atteignit la majorité, à quatre vingt sept ans, elle décida de quitter son mentor pour regagner la cour et s'y faire une place. Hauclir ne chercha pas à la retenir et la laissa même partir avec sa bénédiction.
Lhunara rentra au palais par la grande porte, en temps que troisième princesse héritière. La première chose qu'elle fit fut de se présenter devant sa génitrice.
__________________

Lhunara avançait à grands pas dans le hall qui menait à la salle du trône. Elle était revêtue d'une longue tunique de soie, surmontée d'un pourpoint de cuir brodé aux armes de sa famille. De hautes bottes de cavalerie complétaient sa tenue. A son ceinturon pendait une épée à lame barbelée. Ses cheveux étaient ramenés en arrière en un chignon impeccable. Son maintien était droit et fier, sa marche déterminée, son visage fermé.
Lorsqu'elle arriva devant la porte deux gardes s'avancèrent pour lui barrer la route, mais se rétractèrent en la reconnaissant. La lourde porte d'acier pivota sur ses gonds, lui ouvrant le passage. Lhunara s'engouffra dans la salle du trône. Nagaira, sa mère, était sise sur le siège royal. En face d'elle étaient groupés, en arc de cercle, divers officiers plongés en plein débat. Assis en retrait, à la droite du trône, se tenaient quelques matrones habituées de la cour, ainsi que Llothianne, sa sœur ainée. Une demi-douzaine de gardes au visage dissimulé derrière d'effroyables masques mortuaires séparaient la reine des autres Ilyhiiris présents. Lhunara s'inclina légèrement en direction du trône. Nagaira y répondit par un bref hochement de tête puis se concentra à nouveau sur la réunion stratégique. Lhunara alla s'installer aux côtés de son aînée. Cette dernière l'accueillit avec un salut dont la froideur n'avait d'égal que les neiges éternelles de l'Azzale.


"Mensha n'est pas ici?"

S'enquit Lhunara à propos de son autre sœur.

"Mensha est morte, tu n'étais pas au courant? Un regrettable accident…"

Déclara Llothianne sans une once d'émotion dans la voix. Au regard que son aînée lui lança, Lhunara comprit qu'elle n'était pas étrangère à ce prétendu accident. C'était à n'en pas douter un avertissement. Llothianne était la première héritière et ne souffrait apparemment pas la compétition…
Voilà qui tombait fort mal pour elle. Lhunara n'était pas du genre à se laisser intimider. En plus de cela elle lui avait facilité la tâche. Il ne restait plus qu'un seul obstacle sur sa route…

Devant elles, le débat battait son plein. L'objet du conseil stratégique était le soulèvement de la maison Ganeth. La matrone avait refusé d'obéir à un ordre de sa reine. Une telle insubordination n'aurait su être tolérée. Il était impensable qu'un tel affront reste impuni sans entacher durablement l'honneur de la famille principale. Nagaira avait donc ordonné que se réunissent les chefs de guerre de sa maison. Les officier débattaient de la quantité de troupes nécessaires aux représailles. Les forces de la maison Ganeth n'étaient pas nombreuses, mais elles étaient particulièrement redoutées dans tout le royaume à cause de leur technique de combat. Ces drows étaient passés maîtres dans le maniement de lames à deux mains particulièrement redoutables. Le bruit courait que leurs guerriers les plus accomplis étaient capables de fendre en deux un cavalier et sa monture d'un seul coup d'épée. Certains des chefs de guerre estimaient que les troupes de la maison, largement supérieures en nombre pourraient écraser sans mal celles de la famille rebelle. On leur objectait le taux probable de pertes qui aurait sérieusement entamé la puissance militaire des troupes personnelles de la reine, ou encore les fortifications de la tour Ganeth qui auraient obligé les hommes de la maison Naggarith à converger sur un terrain favorable à l'ennemi. L'un d'entre eux proposa d'invoquer l'aide d'autres familles, mais la reine ne désirait pas contracter de dettes encombrantes.


"Donnez moi deux régiments et je soumettrai la maison Ganeth…"

Un silence de mort tomba dans la salle du trône alors que tous les regards se portaient sur la deuxième princesse héritière. Lhunara restait impassible devant l’incrédulité qu’avaient soulevé ses mots. Elle soutint même le regard inquisiteur de sa mère. Un murmure parcourut les rangs des chefs de guerre. Llothianne, elle, bouillait de rage. Si son regard avait pu lancer des flammes, Lhunara n’aurait plus été qu’un petit tas de cendres.

"C’est impossible ! Vaincre les troupes de la maison Ganeth avec si peu de guerriers ? Vous êtes folle !"

S’écria l’un des chefs de guerre. Le regard de glace de Lhunara le pétrifia sur place.

"Je m’adressais à mère, pas à vous. Et je ne me souviens pas de vous avoir autorisé à m’adresser la parole. Je pourrais vous faire couper la langue pour un tel affront !"

Répliqua t elle, menaçante. L’officier se répandit instantanément en excuses. N’osant plus ouvrir la bouche, il les formula à l’aide du langage des signes commun à chacun des Ilyhiiris. Lhunara l’ignora superbement pour reprendre de plus belle :

"Quoiqu’il en soit, vu que tout le monde ici semble partager votre scepticisme je vais expliquer mon propos. Il s’agit juste de concilier quelques unes de vos propositions. En temps que seconde princesse héritière, je peux contracter quelques alliances sans que le coût de celles-ci ne retombe sur ma maison. Je suis en excellents termes avec la maison Talderath. Je n’aurai aucun mal à recruter quelques uns de leurs chevaliers pour servir notre cause. Ainsi, j’écraserai la maison Ganeth en évitant les pertes inutiles et tout cela sans contracter aucune dette au nom de la reine."

Expliqua t elle sereinement en se levant pour embrasser toute l’assemblée du regard.

"Qu’en dites vous, mère ?"

Demanda t elle alors en fixant ses yeux dans ceux de la reine. Un long silence s’installa, mais Lhunara ne montra aucun signe de malaise et continua de soutenir l’intimidant regard de sa génitrice.

"Très bien, si tu es si sûre de toi… Je te laisse te charger de ces misérables, mais n’oublies pas, je ne tolère jamais l’échec, d’où qu’il vienne."

Répondit finalement la souveraine. Lhunara ne put réprimer un léger sourire avant de s’incliner pour signifier à sa mère qu’elle avait bien compris. Enfin elle sortit comme elle était venue, laissant les gens de sa maison complètement abasourdis. Elle avait fait forte impression. Il ne lui restait plus qu’à confirmer son ascendant en asservissant la maison Ganeth. Bien sûr il lui faudrait se méfier de Llothianne. Cette traîtresse ne manquerait sûrement pas d’essayer de lui mettre des bâtons dans les roues…
__________________

Un silence lugubre régnait sur la lande froide. Une brume légère s’était levée, donnant aux hommes de Lhunara l’aspect de spectres vengeurs. La troupe était ordonnée en ligne concave, les deux régiments de lanciers de la maison Naggarith tenaient le centre, les chevaucheurs de nauglir de la maison Talderath étaient répartis sur les deux flancs afin de pouvoir prendre les gardes de Ganeth en tenaille. La stratégie était simple, mais parfaitement appropriée à la situation. Les soldats de la maison rebelle n’avaient de toute façon pas la mobilité nécessaire pour s’opposer à ce genre de déploiement. Si tout se passait comme Lhunara l’avait prévu, l’ennemi ne tarderait plus. La princesse avait soupçonné que sa sœur se serait empressée de prévenir les insurgés de ses manœuvres. Llothianne n’aurait jamais pu passer à côté d’une opportunité de discréditer sa sœur, surtout si cela faisait des dirigeantes de la maison Ganeth ses débitrices. Ses espions lui avaient donné raison. Sa sœur avait divulgué dans les moindres détails son annonce à ses ennemis et continuait probablement à surveiller ses mouvements. Lhunara avait donc organisé une vaste campagne de désinformation afin de tromper sa sœur ainsi que ses adversaires. Elle avait établit son plan de route sur plusieurs cartes remises à chacun des officiers et des sous officiers qui l’accompagneraient. Deux exemplaires avaient disparu la nuit même. Les ordres de missions prévoyaient trois jours pour la préparation des troupes, plus un de voyage. Une halte était prévue à quelques lieues de la tour Ganeth afin de permettre aux hommes de se reposer avant l’assaut. Une fois en possession de ces informations, les stratèges ennemis ne pourraient pas faire autrement que d’envisager une frappe préventive sur son campement, et c’était exactement ce qu’elle recherchait. Les fortifications de la tour auraient fait subir bien trop de pertes à ses troupes pour que l’opération soit perçue comme un succès. Mais, grâce à sa sœur, elle n’aurait même pas besoin de monter à l’assaut de la maison Ganeth. C’était désormais la maison Ganeth qui viendrait à elle.

La jeune Ilyhiiris avait modifié quasi imperceptiblement son planning, de sorte que les soldats ne s’en rendent pas compte, mais, qu’au final leur point de chute ne soit pas exactement celui qu’elle avait tout d’abord prévu. Si les rebelles tentaient de prendre son camp en embuscade, ils risquaient de ne pas être déçus du voyage.
Lhunara avait fait réveiller ses troupes quelques heures avant l’aube et avait ordonné la formation de la ligne de bataille. Les soldats avaient obéi avec rigueur et discipline, tant et si bien qu’ils avaient été prêts au combat avant même le lever du soleil. Ainsi avait donc commencé l’attente, l’attente d’un ennemi qui ne se montrerait peut être jamais. Toute la stratégie de Lhunara tenait sur un coup de bluff, il n’y avait plus qu’à espérer que le poisson mordrait à l’hameçon…
Juchée sur le dos de Druhir, Lhunara scrutait l’horizon, guettant le moindre signe d’activité dans la brume matinale.


"Tu es certaine qu’ils se montreront ?"

La questionna Hauclir, commandant du détachement de cavalerie.

"Il vaudrait mieux pour nous tous… Mais si leur cruauté équivaut ne serait ce qu’à la moitié de ce que l’on raconte sur eux, ils viendront. Rester dans leur forteresse leur accorderait une victoire facile, mais sans gloire. Les informations que Llothianne leur a gracieusement fourni de ma part, leur permettrait de nous écraser sur terrain découvert…du moins c’est ce qu’ils croient. Que feriez-vous à leur place ?"

"J’opterais pour une victoire assurée. J’attendrais à la tour."

Lança Hauclir avec un petit sourire, cherchant délibérément à tester la réaction de la princesse. Cette dernière afficha une moue contrariée.

"Hmm… J’aurais du m’en douter. Enfin, c’est bien la raison pour laquelle je vous tolère en temps qu’allié. Je détesterais avoir à vous affronter. Vous connaissez trop votre place pour laisser votre orgueil dicter vos actes."

Soupira t elle en tournant de nouveau le regard sur l’horizon.

"Oh, j’allais oublier. Evitez de me tutoyer devant les hommes…"

Ajouta t elle de façon plus tranchante.

"Fort bien votre altesse, j’y songerai."

Répliqua le maître d’arme, sarcastique. Lhunara s’apprêtait à réagir quand un murmure s’éleva des rangs de ses soldats. Au loin, des rangs compacts de guerriers insurgés sortaient de la brume. Ils étaient encore en formation de marche, une reformation leur couterait suffisamment de temps pour permettre à Lhunara et à ses troupes de frapper. Un sourire sauvage illumina le visage de la princesse.

"Sa’an’ishar ! L’ennemi nous fait l’honneur de sa présence, ne le décevons pas ! Capitaines Ahandril et Saulneth, menez vos bannières droit sur l’ennemi. Ne leur laissez pas le temps de se reformer. Hauclir, vous et vos cavaliers, contournez les lignes adverses et coupez leurs lignes de retraite. Je veux que vous fondiez sur leurs arrières ! En avant, soldats, et à la victoire !"

Rugit-elle en dégainant sa lame et en la pointant vers les cieux. Une clameur de joie féroce parcouru la ligne de bataille et les Ilyhiiris se mirent en marche.

"Nous avons l’avantage du nombre et de la surprise, mais leurs troupes sont redoutables. Nous ne nous en tirerons pas sans de lourdes pertes."

Glissa Hauclir à celle qui avait jusqu’à peu été son élève.

"Ne vous inquiétez de rien. Tout se déroule comme je l’avais prévu. Suivez mes ordres et tout ira pour le mieux.
- Mais…
- Ne me dîtes pas que vous doutez à ce point de vos propres enseignements en matière de tactique militaire… Allons, rejoignez vos lignes, nous ne pouvons nous permettre de perdre le peu d’avance dont nous disposons."

Rétorqua Lhunara, coupant la parole à son ancien précepteur. Ce dernier la considéra un instant puis céda devant l’air résolu qu’elle affichait. Le commandant de la cavalerie nauglir éperonna sa monture et rejoignit ses troupes. Lhunara lança Druhir en avant pour se placer entre les deux régiments de lanciers qui avançaient déjà en marche forcée. Lorsqu’elle fut en place, un soldat s’avança à ses côtés, prenant soin de rester à distance de la gueule de sa monture.

"Nos alliés n’attendent plus que le signal, votre seigneurie.
- Très bien. Tenez-vous prêt à l’envoyer sur mon ordre."

Répondit avec satisfaction la jeune elfe.

Le contingent de la princesse se scinda, les cavaliers prenant de la vitesse tandis que les lanciers avançaient en marche forcée. En face d’eux, le désordre commençait à s’installer dans les rangs de la maison Ganeth, les premiers rangs ralentissant l’allure à la vue de l’ennemi tandis que les rangs arrière forçaient toujours la marche, ignorant le danger qui fondait sur eux. Les chefs de guerre des rebelles tentèrent de reprendre la situation en main, dispensant des ordres à leurs troupes. Mais tous n’avaient pas les mêmes informations et les troupes insurgées furent bientôt emmêlées dans des manœuvres contradictoires. Le maître d’arme de la maison se hâta de reprendre les rennes de la hiérarchie et tenta d’organiser sa ligne de bataille, mais les lignes ennemies étaient déjà bien trop proches pour organiser une stratégie solide. Seule la férocité des troupes pouvait encore faire pencher la balance. Le maître d’arme prit cependant soin de faire consolider ses flancs, la charge des cavaliers nauglir étant la menace la plus importante. S’il parvenait à les stopper, alors il y avait encore des chances de victoire. Une fois au cœur de la mêlée, ses hommes auraient l’avantage, et il le savait.
Contre toute attente, les cavaliers ne chargèrent pas ses lignes, préférant les contourner. Une prise en tenaille, stratégie ingénieuse mais aussi trop audacieuse. Le temps que les cavaliers contournent ses troupes, le général de la maison Ganeth allait pouvoir réorganiser ses hommes sur une solide défense arrière, séparant ainsi en deux les troupes de ses ennemis par une solide ligne de lames acérées. Un dernier carré qui briserait leurs ambitions de conquête et qui mettrait la maison royale en difficulté. Une bataille se gagnait souvent avant même le premier coup d’épée et il comptait bien enseigner ce détail à ses adversaires.


"Envoyez le signal !"

Souffla Lhunara au soldat qui trottait aux côtés de son destrier reptilien alors que l’ennemi brisait sa formation pour se réorganiser. L’Ilyhiiris opina du chef avant d’empoigner une corne qui pendait à son flanc. Le guerrier porta l’instrument à ses lèvres, prit une grande inspiration puis souffla. Une longue note monta dans le ciel matinal. A peine le signal lancé, les cavaliers d’Hauclir firent volte face et accélérèrent droit sur l’ennemi pour atteindre leur vitesse de charge. Alors que les lanciers accéléraient également le pas pour se joindre à la curée, une nuée de traits d’arbalète s’abattit sur les troupes rebelles depuis les collines alentour.

Le maître d’arme de la maison Ganeth rugit de colère en voyant ses hommes tomber les uns après les autres, de sombres empennes dépassant de leurs torses. Ses adversaires avaient frappé au moment où ses troupes étaient le plus vulnérables et cette attaque en traître les empêchait de manœuvrer correctement. A ce rythme, ils ne pourraient jamais se replacer à temps pour recevoir les charges de l’ennemi ! Mais d’où pouvaient bien venir ces maudits tirs ? Llothianne Naggarith les avait elle donc trahit ?
La cavalerie frappa de plein fouet les rangs désorganisés des rebelles, s’y enfonçant comme du beurre. Toute notion de stratégie fut bientôt balayée, chaque elfe luttant pour sa propre vie. Les lignes avant se retournèrent pour porter assistance à leurs camarades, mais furent prises à revers par les lanciers de la maison Naggarith. Le combat se mua bientôt en massacre et les rares guerriers Ganeth qui ne moururent pas, furent contraints de se rendre. Leur maître d’arme fut de ceux-ci.

Hauclir se rapprocha de Lhunara, tandis qu’elle supervisait la reddition du contingent ennemi. Après la fin de la bataille, de nombreux arbalétriers revêtus de capes couleur cendre s’étaient joints aux forces coalisées des maisons Naggarith et Talderath.


"Des ombres du clan Avanuir, n’est ce pas ? Je croyais qu’ils étaient inféodés à la maison Ganeth…"

Entamma le maître d’arme.

"La maison Ganeth contrôlait une passe vitale pour leurs voies d’approvisionnement. Il m’a suffit de leur promettre la cession de ce passage pour qu’ils acceptent de trahir leurs anciens maîtres.
- Et si nous avions échoué ?
- Les avez-vous vus avant qu’ils ne passent à l’action ? Je parie que les hommes de la maison Ganeth, non plus…
- Pourquoi ne pas m’avoir informé de leur soutien ? J’aurais bien mieux compris notre stratégie.
- Je me dois de garder une longueur d’avance sur chacun de mes sujets si je tiens à obtenir et à conserver le trône…et puis, il s’agissait d’un petit test de fidélité.
- Vous me testiez ?
- Exactement, je voulais être sûre que vous aviez bien saisi où se trouvaient vos intérêts. Si vous aviez ordonné à vos troupes de quitter le champ de bataille, les membres du clan Avanuir avaient ordre de vous tirer dessus…
- Il semble que je n’aie plus rien à vous apprendre…
- C’est ce que je cherchais également à vérifier.
- Que comptez-vous faire des guerriers de la maison Ganeth ? Les réduire en esclavage ?
- Des soldats d’exception comme ceux là ? Non, j’ai d’autres projets pour eux…"

Conclut Lhunara avec un intrigant sourire.
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Les forces de la princesse marchèrent sur la demeure de la maison Ganeth. Lhunara obtint sans mal la reddition des rebelles quand la garnison eut vent de la cuisante défaite de leurs camarades. La jeune Ilyhiiris condamna les matrones de la maison à répondre de leurs crimes devant sa mère. Elle savait très bien que les traîtresses ne s’en sortiraient pas vivantes. Il s’agissait d’un démantèlement pur et simple de la lignée Ganeth. La jeune elfe au sang royal, laissa donc le choix de leur destin aux survivants des forces militaires de l’ex-maison noble : soit ils subissaient le sort peu enviable d’une existence d’esclavage, soit ils juraient de la servir en tant que garde personnelle. Sans surprise, aucun d’eux ne choisit l’esclavage.
Lorsque Lhunara rentra à Shainsa, elle était plus puissante que jamais. Elle n’était plus que la seconde princesse héritière. A la tête de sa nouvelle armée personnelle, ramenant captives les ennemies de la couronne, elle venait de conquérir les faveurs de sa mère. Désormais, Llothianne et elle luttaient à armes égales dans la course au trône…

Durant les trois décennies qui suivirent, Lhunara n’eut de cesse de s’entraîner en vue des épreuves de sélection que pourrait lui faire passer le Conseil lors de la succession, une fois sa mère disparue. Il lui fallut également lutter dans l’ombre contre sa sœur, Llothianne qui complotait continuellement contre elle. Son aînée avait juré sa perte et déployait une énergie colossale pour arriver à ses fins. Lhunara se contentait d’échapper à ses manigances sans jamais répliquer sérieusement. Elle laissait sa sœur s’acharner profitant de son obsession pour rattraper le retard que l’âge et l’expérience avait creusé entre elles. Llothianne, elle, pensait conserver le dessus sur leur conflictuelle relation et ne prit donc pas suffisamment garde aux activités de sa cadette.

Lhunara avait 120 ans lorsque sa mère tomba enceinte pour la cinquième fois. Ce fut la première fois que Llothianne lui accorda une trêve. La grossesse de leur mère soulevait une inquiétude commune chez les deux princesses. S’il s’avérait que la descendance royale était à nouveau féminine, toutes deux auraient une nouvelle rivale à surveiller. Nagaira se retira au temple de Lloth, laissant les affaires du royaume à ses deux filles qui furent contraintes et forcées de collaborer pour la bonne marche de leur nation. Cette ère de paix relative fut une bénédiction pour Lhunara qui parvint pour la première fois de sa vie à s’accorder quelques moments de réelle détente. Llothianne semblait également apprécier cet état de fait, bien qu’avec beaucoup moins d’enthousiasme que sa cadette. Toutes deux étaient présentes au temple le jour où leur mère accoucha, le jour où tout changea. Nul ne sut jamais quel mal frappa la reine Ilyhiiris, mais, malgré la forte constitution propre à sa race, elle expira en mettant au monde son cinquième enfant, un garçon qui reçu le nom d’Isilvar de part sa mère mourante. Les prêtresses du temple déclarèrent que le nouveau né avait vampirisé l’énergie vitale de sa propre génitrice et qu’il serait promis à un grand et glorieux avenir. Lhunara, elle, ne put s’empêcher de soupçonner les manœuvres de sa sœur plutôt que le destin de son frère. Les vieilles rivalités reprirent de plus belle et plus vivement que jamais entre elle et Llothianne, à présent que le trône était vide. Le choix de celle qui succéderait à leur mère ne leur appartenait cependant plus, il était entre les mains du Conseil…
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Lhunara scruta l’attitude des membres du Conseil. Elle et sa sœur avaient déjà passé avec succès quatre épreuves que les rois et reines des elfes leur avaient soumises. Tous ces monarques les haïssaient, de part leur naissance et leur culture. Ils rêvaient sans doute de les voir échouer. Pourtant ils respectaient les traditions ancestrales et n’oseraient pas laisser les Ilyhiiris sans successeur de sang royal. Tout cela ne relevait donc que d’une énième compétition entre Lhunara et Llothianne. L’épreuve suivante était celle de l’invocation royale. Il faudrait aux deux prétendantes se montrer capable de libérer puis de contrôler l’invocation tutélaire de leur race, contenue dans un artefact propre à leur royaume. Il s’agissait dans le cas présent d’un fouet, tressé, selon la légende à partir des cheveux de la déesse Lloth, et se terminant par trois redoutables crochets arrachés à de redoutables araignées géantes des cavernes d’Avolakiaa. L’artefact contenait une créature à forme arachnoïde, représentation de la forme animale de la déesse tutélaire des Ilyhiiris.
Ce fut Llothianne, qui, en temps qu’aînée, se présenta la première pour l’épreuve. La première princesse héritière parvint sans mal à faire apparaître un arachnide de taille impressionnante. La bête était terrifiante et ses yeux luisaient d’une intelligence malsaine. L’araignée fondit sur l’invocatrice qui fit claquer le fouet devant ses pattes. L’araignée bondit en arrière pour éviter la douloureuse morsure de l’arme et se mit à tourner autour de l’Ilyhiiris qui imita son mouvement. Llothianne se mit à avancer, conquérante, tentant de maîtriser la créature par la force brute de son esprit. Le fouet claquait devant elle repoussant de plus en plus l’araignée qui se recroquevilla peu à peu sur elle-même. Soudain, l’invocation projeta un fil de toile gluante sur son adversaire. Prise au dépourvu, Llothianne ne parvint pas à esquiver l’attaque et son bras qui tenait le fouet se retrouva soudainement immobilisé. Saisissant sa chance, l’araignée se précipita sur la princesse. Les crochets du monstre frappèrent l’épaule de l’Ilyhiiris avant que la créature ne se recule à nouveau. Le visage de Llothianne se crispa dans une grimace de douleur atroce alors qu’elle s’effondrait, victime du poison fulgurant de la représentation de la déesse à laquelle rendait hommage son propre nom. Elle était morte avant même d’avoir touché le sol. L’araignée, privée d’énergie vitale, retourna dans l’artefact.

Lhunara vit la scène s’écouler au ralenti. Un profond malaise s’empara d’elle lorsqu’elle réalisa ce qui venait de se passer sous ses yeux. Sa dernière sœur, son aînée, sa plus grande rivale venait de mourir sous ses yeux. Lhunara l’avait jusqu’alors considérée comme son défi ultime. Elle s’était toujours basée sur elle pour se pousser à se surpasser. Elle avait toujours cru que Llothianne serait immortelle jusqu’au jour où elle la ferait tomber de son piédestal et voilà qu’elle gisait sans vie victime d’une créature qui devait faire d’elle la souveraine de son peuple, une créature que Lhunara allait à présent devoir affronter…

Lorsqu’on lui remit le fouet, Lhunara resta un moment à le contempler, interdite. Elle tenait en main l’arme qui avait foudroyé sa sœur. Une arme qui ferait d’elle la reine des Ilyhiiris, ou un cadavre de plus. Non, Lhunara ne pouvait se résoudre à mourir, pas si près du but. Elle entendait bien profiter pleinement de sa vie d’elfe et ce n’était pas une satanée invocation qui allait changer cela. La princesse caressa la lanière de sa main. Il lui paru soudain incongru que la matière si douce et si souple dont était constituée l’arme puisse infliger tant de douleur. Son regard se détacha de l’artefact pour parcourir les visages des souverains qui l’entouraient. L’épreuve lui revint en tête. S’ils étaient venus assister à sa mise à mort par la bête infernale qui avait consumé sa sœur, ils allaient être déçus. Elle fit claquer le fouet. Ses yeux s’illuminèrent d’une lueur surnaturelle et ses cheveux se mirent à voleter, comme portés par un vent pourtant inexistant. Une brume noirâtre émana du fouet et commença à se condenser devant elle. La forme éthérée prit bientôt les traits d’une araignée géante. Lhunara se fit la réflexion qu’elle paraissait étrangement moins imposante que celle qu’avait affrontée Llothianne. Son aînée avait elle donc été plus douée qu’elle en matière d’invocation ? Voilà qui, en plus d’être particulièrement vexant, semblait être de très mauvais augure…

Lorsque la créature fut entièrement matérialisée, elle émit un feulement agressif au son duquel Lhunara ne pu réprimer un léger frisson. L’invocation était d’autant plus hideuse et terrifiante qu’elle était proche. Malgré toute sa résolution, Lhunara ne pu empêcher la crainte de s’emparer d’elle. Comment pouvait-on imaginer soumettre une telle vision de cauchemar ? La bête s’élança soudain, droit sur elle. Le mouvement de l’araignée fut comme une décharge électrique pour la jeune elfe qui fit claquer son fouet, plus par réflexe qu’autre chose. L’araignée stoppa sa course pour reculer d’un bond rapide puis se mit à tourner, cherchant à se placer dans l’angle mort de l’Ilyhiiris. Lhunara avait déjà vu cette manœuvre quelques minutes plus tôt, et cela ne lui inspirait rien qui vaille. A ce rythme le scénario de la mort de Llothianne risquait de se reproduire à la perfection. Il n’était pas question qu’elle se laisse prendre ainsi au piège. La princesse se mit à réfléchir à toute allure. Elle ne pouvait pas laisser son adversaire terrifiant bouger à sa guise, mais si elle l’acculait, la contre attaque du monstre risquait de la surprendre comme Llothianne l’avait été. Il fallait donc la forcer à bouger comme elle l’entendait mais sans trop se montrer belliqueuse. Lhunara fit claquer son fouet dans la direction où se dirigeait l’invocation en prenant toutefois garde à ne pas la viser. L’araignée arrêta de se déplacer et resta immobile un instant avant de repartir dans l’autre sens. Lorsqu’elle fut presque à la périphérie de sa vision, Lhunara réitéra son geste. La créature poussa un nouveau cri étouffé puis revint se placer devant elle. L’invocation tenta plusieurs assauts mais la lanière du fouet la tint à distance. L’animal, irrité, projeta soudain sa toile en direction de Lhunara, mais cette dernière se montra plus vive que sa sœur et esquiva le tir. L’araignée réitéra sa tentative plusieurs fois, obligeant l’elfe à se déplacer sans cesse tout en prenant garde à ne pas s’engluer dans les fils précédemment tirés. L’exercice était ardu et Lhunara fut finalement forcée de tourner le dos à la créature pour éviter une autre projection de sécrétion collante. L’invocation abandonna immédiatement sa toile pour s’élancer sur sa proie avec toute la vitesse que pouvaient lui accorder ses huit pattes. Lorsque Lhunara fit volte face, la bête n’était plus qu’à quelques mètres à peine. L’Ilyhiiris plongea son regard dans les multiples yeux de l’araignée.


"N’y pense même pas…"

Siffla t elle haineusement. L’araignée se figea sur place, comme intimidée par la réaction de la princesse. Lhunara laissa sa haine l’envahir. Elle détestait cette créature pour ce qu’elle avait fait, ce qu’elle était et ce qu’elle représentait. Cet immonde animal avait tué sa sœur, lui volant son adversaire, sa victoire et voilà qu’elle tentait de lui prendre la vie, à elle qui avait tant lutté pour la conserver. Cette infecte invocation, incarnation d’une puissance qu’elle ne pourrait jamais revendiquer en son nom, une puissance qui la dépassait, une puissance de déesse, elle la haïssait de toute son âme. La créature se mit à reculer, puis s’inclina lorsque les yeux de la drow s’enflammèrent à nouveau. Un sourire féroce apparu sur le visage de Lhunara tandis que l’invocation retournait à son artefact. Sa haine l’avait rendue forte, assez forte pour soumettre cet être de cauchemar. Elle ne pouvait que s’émerveiller une fois encore de l’énergie que pouvait lui transmettre cette émotion. A cet instant elle se sentait presque invincible, à cet instant elle se sentait enfin reine. Elle avait finalement remporté chacune des épreuves qu’avaient pu lui soumettre les membres du Conseil. A présent, ils n’avaient plus d’autre choix que de l’accepter comme reine des Ilyhiiris et membre à part entière de leur cercle. C’est donc ainsi, qu’à cent vingt et un ans, Lhunara devint la souveraine de son peuple…
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Ainsi débuta le règne de Lhunara Naggarith. Contrairement à sa mère, Nagaira, qui avait tendance à ignorer les convocations du Conseil, Lhunara se rendit à chacune de ses réunions. Elle sembla se montrer plus progressiste que sa génitrice dans les relations avec les autres races elfiques, ce qui ne l’empêchait pas de mener son peuple d’une main de fer et d’honorer certains des engagements que sa mère avait contracté auprès des humains (même si son opinion à leur propos n’était pas particulièrement flatteuse). Quatre ans après sa propre nomination au poste de reine de Ilyhiiris, Lhunara prit à son tour le rôle de juré quand un jeune elfe sauvage du nom de Katarn Imladriss prit lui-même les rennes de son peuple. Les membres du Conseil ne surent jamais vraiment comment aborder la jeune femme dont l’humeur semblait plus changeante encore que le climat printanier. Toutefois aucun d’entre eux ne semblait vouloir se hasarder à lui accorder sa confiance, car son étrange comportement paraissait parfois dissimuler de sombres desseins…

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MessageLhunara NaggarithLhunara Naggarith Icon_minitimeJeu 9 Sep - 9:27
Coucou,

Comme je te l'ai déjà dis via skype cette fiche me plait énormément. Et elle montre que tu as très bien compris l'Aithinne mais également surtout la race que tu incarnes.

Le style est agréable, l'orthographe rien a dire,...

En somme Fiche Validée.
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